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26 avril 2009 7 26 /04 /avril /2009 21:07
 

Je ne suis pas vertueux. Je ne suis pas ascète. Je ne suis pas un saint.

Je connais - un peu - mes ombres.

Je sens la douleur des autres, par compassion. Mais je sens la mienne directement et davantage. On se fait tout de même centre du monde, n'est-ce pas , Et quand on souffre, on tire tout à soi. On n'a plus beaucoup de place, en soi-même, pour autrui. On s'éloigne.

Il a été dît : toute la loi, c'est : faites aux autres ce que vous voulez qu'ils vous fassent, soyez pour eux ce que vous désirez qu'ils soient pour vous.

Et encore : ne jugez pas et vous ne serez pas jugés. Car la divine perfection est de faire briller le soleil sur les bons et sur les méchants et pleuvoir la pluie sur les justes et sur les injustes.

Eh bien, précisément ce que je veux que les autres fassent pour moi c'est de ne pas me juger. C'est-à-dire : me prendre comme je suis, m'accepter, croire en moi, espérer en moi, me prendre par le meilleur, pardonner, pardonner d'avance mes manquements, erreurs et défaillances. Je veux ( comme tout un chacun je pense) être respecté, considéré, écouté; je veux qu'on m'aime'; j'attends qu'on me donne ma chance, les moyens de donner ma mesure, et qu'on apprécie ce que j'ai fait et qu'on m'encourage ; qu'on tienne en grande estime ce que j'ai de bon et pour peu de chose ce que j'ai de mauvais ( car mon bon côté est mon bon côté, mon mauvais côté est seulement l'envers du bon).

Et qu'on respecte mes secrets.

Et qu'on ne me traite jamais en inférieur, même si l'on a quelque fonction au-dessus de moi.

Eh bien, voilà ce que j'essaierai de donner aux autres.

Ce sera le chemin de ma perfection.

Maurice BELLET, L'épreuve, Paris, Desclée de Brouwer, 1988, pp.38-39

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